Rompre avec le désenchantement

Rompre avec le désenchantement de l’avenir

Par Gérard Choplin, analyste et rédacteur indépendant (politiques agricoles, commerciales et alimentaires).

Gérard Choplin nous livre une kyrielle de pratiques avec lesquelles il nous faut rompre, des plus classiques comme le productivisme ou l’artificialisation des terres, aux plus étonnantes comme le cauchemar de Darwin sur le lac Victoria ou les crevettes de la Mer du Nord épluchées au Maroc ; et termine sur une série de “Oui à” allant de nouvelles règles – solidaires cette fois – du commerce international agricole à l’harmonisation fiscale et sociale par le haut dans l’UE… En voilà, du grain à moudre pour les Controverses de Marciac !

Rompre avec le productivisme, rompre avec les règles actuelles du commerce international agricole, rompre avec la vente à perte des producteurs, rompre avec l’addiction au pétrole de l’agriculture, rompre avec l’industrialisation de l’élevage – et la non prise en compte de ses externalités négatives-, rompre avec le hors-sol, rompre avec la cogestion de la politique agricole par la FNSEA et les gouvernements français, rompre avec les algues vertes sur les plages, rompre avec la sixième extinction de la biodiversité, rompre avec l’industrialisation du bio, rompre avec l’accaparement des terres en Roumanie, rompre avec les crevettes de la Mer du Nord épluchées au Maroc, rompre avec les cotisations volontaires obligatoires, rompre avec les agro-carburants ayant un rendement énergétique dérisoire ou négatif.

Rompre avec le prix du lait déterminé en Nouvelle-Zélande, rompre les négociations TTIP, rompre avec les animaux clonés, rompre avec les golfs mangeurs d’espace et buveurs d’eau, rompre avec les primes à la place des prix, rompre avec la financiarisation de l’agriculture, rompre avec le pillage de l’Ukraine, rompre avec la fable des hybrides, rompre avec les OGM, rompre avec le poulet chloré, rompre avec les vins bourrés d’additifs, rompre avec les assurances à la place des prix, rompre avec le dumping fiscal, rompre avec les poules et lapins en cage, rompre avec le dogme de la compétitivité, rompre avec le non plafonnement des primes PAC, rompre avec l’illusion française de nourrir le monde, rompre avec l’addiction de l’élevage au tourteau de soja, rompre avec la financiarisation de la nature, rompre avec les grumes de hêtres wallons débités en Chine, rompre avec une PAC copiant avec retard les erreurs du Farm Bill américain.

Rompre avec les règles hygiénistes imposées aux petits artisans alimentaires, rompre avec le mythe de l’autorégulation des marchés agricoles, rompre avec le blanchiment du dumping par la boîte verte de l’OMC, rompre avec la fable du découplage des aides vis-à-vis de la production -soit disant non distorsives-, rompre avec le cauchemar de Darwin sur le lac Victoria, rompre avec la mer de plastique d’Almeria, rompre avec les antibiotiques sans modération, rompre avec le labour profond, rompre avec la monoculture, rompre avec l’élevage de ruminants sans pâturage, rompre avec le laxisme sur la loi nitrates, rompre avec un étiquetage national(iste) des produits agricoles qui ne tiendrait pas compte des modes de production, rompre avec le bradage de notre poudre de lait en Afrique, rompre avec la mort des abeilles, rompre avec le dumping social, rompre avec la spéculation sur les matières premières agricoles, rompre avec l’huile de palme dans l’alimentation.

Rompre avec la dérégulation des marchés, rompre avec le non labour + herbicides, rompre avec le marché des primes PAC, rompre avec les chassés-croisés entre postes à la Commission européenne et dans le business, rompre avec l’exploitation de migrants dans des « exploitations » agricoles, rompre avec l’érosion des sols agricoles, rompre avec le captage de la valeur ajoutée du travail agricole par l’amont et l’aval, rompre les accords dits de « partenariat » économique qui vont ruiner l’Afrique, rompre avec la délocalisation de nos productions de légumes, fleurs… dans des pays à très bas salaire, rompre avec l’impunité des manifestants Fnsea détruisant des biens publics, rompre avec les oligopoles de la grande distribution, rompre avec le dumping à l’exportation -y compris avec les aides PAC découplées-, rompre avec la priorité à l’exportation, rompre avec la volatilité des prix agricoles.

Rompre avec les modes de production qui réchauffent le climat, rompre avec les épines de sang des roses coupées du Kenya, rompre avec le chauffage des serres avec des énergies fossiles, rompre avec des IGP trop laxistes sur les modes et lieux de production, rompre avec la concentration des abattoirs, rompre avec le modèle maïs-soja, rompre avec l’utilisation de sel sans modération dans l’industrie alimentaire, rompre avec la course à l’agrandissement des exploitations facilitée par la PAC, rompre avec la non reconnaissance économique, sociale et culturelle du travail paysan, rompre avec le glyphosate, rompre avec les zonings de supermarchés aux abords des villes et avec la désertification commerciale des villes petites et moyennes, rompre avec l’artificialisation des sols agricoles, rompre avec les accords dits de « libre »-échange, rompre avec la pollution des nappes phréatiques des bassins céréaliers intensifs, rompre avec…, mais

OUI à de nouvelles règles – solidaires cette fois – du commerce international agricole, aux légumineuses à la place du soja, à un revenu agricole fait d’abord de prix et non de primes, aux rotations obligatoires, à la diversification des cultures et des races d’élevage, à la régulation des marchés agricoles, aux primes par actif et non par hectare, aux semences paysannes, aux petits abattoirs mobiles, à la restauration scolaire bio et locale, aux jardins potagers dans les écoles, à l’élevage porcin de plein air, au non labour sans herbicides, à l’agriculture biologique paysanne, à l’agroforesterie,

OUI au pâturage des ruminants, aux moutons à la place des canadair, aux fromages au lait cru, aux appellations d’origine protégée, à la solidarité au lieu de la concurrence, aux relations directes entre producteurs et consommateurs locaux, à la restauration de la matière organique dans les sols, à une juste répartition de la valeur ajoutée entre les producteurs et l’aval, à des exploitations agricoles à taille humaine et transmissibles, à la conservation et à la réhabilitation des zones humides, oui à une aquaculture durable sans farine de poisson,

OUI à une PAC nouvelle, solidaire, régulée, et pourvoyeuse d’emploi, aux marchés locaux-régionaux, oui à l’internalisation des externalités négatives des modes de production industrialisés, à un étiquetage de l’origine des produits et de leur mode de production, à la couverture des hangars agricoles de panneaux solaires – avec prêts à taux zéro remboursés par la vente d’électricité -, à un enseignement agricole basé sur l’agro-écologie, au pressage à la ferme d’huile oléagineuse locale pour les machines de la ferme, oui à la lutte biologique, aux marchés fermiers, à une taille maximale d’élevage, oui à l’harmonisation fiscale et sociale par le haut dans l’UE, OUI à…